Première source d’engrais utilisée sur les exploitations agricoles, la fumure organique est utilisée depuis les débuts de l’agriculture. Les premiers paysans ont rapidement découvert que l’apport de matière organique d’origine animale ou végétale augmente le rendement des cultures.
La fumure organique est une source pour les plantes d’éléments nutritifs majeurs comme l’azote, le phosphore ou la potasse, et c’est aussi une source de carbone nécessaire à la formation de l’humus.
Mais les sources de matières organiques sont très nombreuses et entre un fumier de bovin, du lisier de porc, le digestat d’une unité de méthanisation, des bouchons de compost, ou encore les résidus des cultures pièges à azote, comment choisir ? et surtout quel impact sur la fertilité des sols et le rendement des cultures ?
Choisir la fumure organique : le rapport C/N, premier critère de qualité
Le rapport carbone sur azote d’un engrais organique représente sa capacité à se décomposer sous l’action des micro-organismes du sol. Une analyse en laboratoire permet de connaitre ce rapport entre les concentrations en carbone et en azote de la fumure.
Lors de la minéralisation de ces sources organiques de fertilisation, les bactéries consomment de l’azote pour leur constitution.
On considère que si le rapport C/N d’un amendement organique est supérieur à 25, il y a trop de carbone par rapport à l’azote. Les micro-organismes vont puiser dans les réserves du sol au lieu de libérer des unités. Ce phénomène crée un déséquilibre appelé « faim d’azote » pour les plantes. A l’inverse, si le C/N est inférieur à 25, les micro-organismes vont libérer l’azote en excès et le mettre à disposition des cultures.
Pour exemple, les amendements organiques riches en lignine et en cellulose (pailles de céréales, déchets verts de bois) ont un C/N bien supérieur à 50, voire 100. Leur dégradation consomme de l’azote. A contrario, un lisier de porc, les déchets de tontes ou des couverts végétaux jeunes possèdent un C/N inférieur à 20 et libèrent rapidement de l’azote pour les plantes.
Chaque type de fumure organique pour être identifiée en fonction de son rapport C/N. Nous
parlerons d’amendement organique lorsque le rapport C/N est supérieur à 25 et de fertilisant organique lorsque le rapport C/N est inférieur à 25.
Mais alors que choisir entre ces fumures organiques ?
La baisse progressive de la fertilité des sols est imputée à la diminution des taux de matières organiques et d’humus, donc à la quantité de carbone stockée dans les sols, avec des répercussions sur la gestion de la production agricole.
Le dilemme actuel de la fertilisation d’une exploitation est donc de reconstituer son stock de carbone dans les sols, en apportant suffisamment d’azote pour sa dégradation, tout en assurant la nutrition de la culture en place.
Ce n’est pas l’apport d’un seul produit, mais l’utilisation de plusieurs techniques qui en sera la réponse.
L’apport d’un amendement organique au rapport C/N élevé doit être accompagné par la culture de légumineuses sur la parcelle, seule ou en association. Les légumineuses fourniront l’azote nécessaire aux microorganismes pour la dégradation de la matière organique en humus. En parallèle une fertilisation minérale en potasse viendra combler les besoins nutritifs de la légumineuse.
L’apport d’un fertilisant organique au rapport C/N faible doit être accompagné par la restitution des résidus de culture sur le sol et un travail du sol modéré afin de préserver les populations de champignons filamenteux. Ces derniers permettront la dégradation de ces résidus ligneux en humus.
En associant techniques agricoles, épandage de produits minéraux et organiques, il est possible de reconstituer le taux d’humus des sols, tout en assurant la production en quantité et en qualité des cultures des exploitations agricoles.